Covid-19: Opportunités pour une meilleure gestion de risques?
L’arrivée de ce virus constitue une belle leçon d’humilité pour tous les Risk Managers qui n’ont «pas vu venir» la pandémie, malgré la mise en place d’un process de gestion de risques parfois actif depuis des années au sein d’une organisation. Tour d’horizon des conséquences de cette crise pour le Risk Management avec notre spécialiste Grégoire Mottier.
Cet événement à portée mondiale a fait apparaître plusieurs perspectives évidentes.
Intégrer les pandémies dans nos scénarios
En premier lieu, les événements pandémiques (probablement plus fréquents à l’avenir) devront désormais être beaucoup mieux pris en compte dans les scénarios entraînant une interruption d’activités. Le manque de préparation des organisations s’est fait cruellement sentir durant ces derniers mois. Par ailleurs, certains métiers auraient pu bénéficier de couvertures d’assurances sur ce point et cela n’a pas toujours été le cas, soit par l’absence d’un contrat, soit par une interprétation restrictive des assureurs de l’événement pandémique.
Ne plus faire l’impasse sur le plan de crise
Deuxièmement, la nécessité de la mise en place d’un plan de crise et de continuité devient désormais évidente. En revanche, il faut garder à l’esprit que la préparation d’un tel document doit être ciblée en fonction de chaque type d’événement majeur. La gestion d’une crise en cas d’incendie, de déni de services informatiques ou d’une situation pandémique exigent des réponses différentes.
Considérer les «nouveaux» types de risques?
Enfin, les événements pandémiques sont de nature à révéler de manière accrue ce que d’aucuns considéreront comme des risques émergents. À ce dernier sujet, certains auteurs évoquent l’apparition de nouveaux types de risques, qui seraient mis en lumière par la crise actuelle. Une vision que nous ne partageons pas. En effet, les conséquences négatives évoquées par certains articles de presse sont en réalité répertoriées depuis belle lurette par la littérature et les normes traitant de la gestion de risques. Il peut toutefois être constructif d’être attentif à certaines thématiques de risques particulièrement reliées à l’actualité. En voici quelques exemples non exhaustifs :
- Dépendance accrue aux solutions numériques (notamment dans le cadre du télétravail) avec un accroissement des risques liés à une cyberattaque due à l’utilisation d’accès offrant un degré de sécurité moindre.
- Défaillance d’un fournisseur exclusif par déni de services (manque de fournitures de matières premières ou autres).
- Troubles et désordres sociaux, notamment dus aux contraintes sanitaires non acceptées par la population.
- Accroissement des inégalités sociales, fragilisation des bas revenus, paupérisation extrême des personnes en situation irrégulière.
- Désinformation par la profusion d’informations non-vérifiées, principalement par le biais des réseaux sociaux.
- Perte de pouvoir d’achat avec répercussions globales sur l’économie, baisse du pouvoir d’achat et péjoration de la conjoncture en général.
Ces conséquences sont de nature potentiellement désastreuses et clairement interdépendantes. Elles affecteront soit les entreprises, soit les collectivités publiques en tant qu’organisations. Toutefois, comme nous l’avons déjà relevé, elles sont déjà largement répertoriées dans la littérature et les normes traitant de la gestion de risques (notamment ONR 49000 et suivantes). Par ailleurs, elles peuvent également se produire à la suite d’événements susceptibles d’avoir des répercussions mondiales tels que le changement climatique, les armes de destruction massive ou les cyber risques.
Faire face à un événement rare: agilité et solidarité
Le défi actuel est donc de faire face à un événement rare, dont la nature globale met à l’épreuve la résilience de nos modèles économiques et qui ne comporte que peu de réponses en matière de réduction de risques ou de transfert via des modèles d’assurance.
De notre humble point de vue, les deux meilleurs alliés dans ce contexte se nomment agilité et solidarité. Agilité des organisations dans leur modèle d’affaires et gestion de leurs ressources, et surtout solidarité, notamment étatique, afin de venir en aide aux plus démunis. Ce dernier point constitue d’ailleurs un joli pied de nez aux farouches partisans du «moins d’Etat» dont le credo paraît aujourd’hui bien désuet et peu défendable.
Voici un lien inspirant pour approfondir le sujet: Perspectives des risques liés à la COVID-19 – site de la Zurich Assurance (en anglais).
Contact
Grégoire Mottier, Head of Risk Management: gmottier@loyco.ch