Action durable: oui, à la mode responsable!
Face à la crise climatique actuelle, l’empreinte carbone du secteur de la mode, estimée à 2% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, paraît démesurée. Heureusement, certaines marques s’engagent pour une nouvelle forme de consommation. C’est le cas, des membres du Collectif Genevois, auquel nous avons donné la parole lors d’une soirée organisée début octobre dans nos bureaux à Genève.
Qui est le collectif? De quoi s’agit-il?
Le Collectif Genevois est composé de six marques: Serie K, Avani, Clother, La Corde à Linge, Eco fashion Lab et Revario. Ces six start-ups romandes œuvrent pour une mode écoresponsable et se sont alliées pour promouvoir de nouveaux modes de consommation afin de lutter contre la fast fashion.
Mais arrêtons-nous un instant sur ce concept. De quoi s’agit-il? La Fast fashion, ou “mode rapide” en français, est apparue dans les années 90. Avant l’apparition de cette tendance, les marques sortaient généralement 4 collections par an. Mais la fast fashion a révolutionné ce modèle et les marques produisent parfois des dizaines de collections par an, voire des centaines pour ce que l’on appelle l’ultra fast-fashion (comme certains sites qui mettent en ligne des centaines de nouveaux produits chaque jour!).
Leur technique : inonder le marché de vêtements bon marché fabriqués en un temps record mais qui sont souvent fabriqués en multi matières. Une pratique qui rend impossible le recyclage. De plus, les matériaux de mauvaise qualité utilisés pour ces vêtements, des fibres synthétiques dérivées du pétrole, sont fabriqués par des travailleurs·ses souvent maltraités et sous-payé·e·s qui gagnent 2x moins que le salaire vital dans leurs pays. Au Bangladesh, les ouvrièrers·es sont payées o,32 dollars de l’heure! Le plus faible taux horaire au monde…
Aujourd’hui, l’empreinte carbone du secteur de la mode est estimée à 1,7 milliard de tonnes de CO2, soit environ 2% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Si les tendances d’achat se poursuivent, cette part atteindra 26% en 2050! Cité lors de l’événement, ce chiffre est plus qu’interpellant lorsque l’on sait qu’en moyenne un vêtement a une durée de vie de 35 jours.
Dans notre société de consommation, différents facteurs nous influencent et nous poussent à l’achat. Il est important de noter l’emprise des réseaux sociaux qui génèrent de faux besoins et des achats compulsifs, souvent inutiles.
Et en Suisse? Quelques chiffres:
- Nous achetons en moyenne 60 pièces par an,
- Nous portons que 60% de notre garde-robe,
- Et nous possédons en moyenne 118 pièces de vêtement
Comparons!
*Source: La mode éthique, c’est trop cher? Le prix juste
Les bonnes pratiques
Avant même de vous parler de solutions, nous avons découvert un outil de raisonnement d’achat, présentés par nos intervenant·e·s. Cette approche se nomme « BISOU ». Ce sont 5 questions à se poser avant un acte d’achat:
- B comme Besoin: “Quel est mon véritable besoin? Est-ce que cet achat y répond?”
- I comme Immédiat: “Est-ce que j’en ai besoin immédiatement? Est-ce que je peux attendre?”
- S comme Semblable: “Ai-je déjà un objet semblable qui a cette utilité? »
- O comme Origine: “Qu’elle est l’origine de ce produit? Où et dans quelles conditions a-t-il été produit?”
- U comme Utile: “Cet objet va-t-il vraiment m’être utile? Comment je faisais pour m’en passer avant?”
Comment devenir un consom’acteur·rice·s?
Il est normal d’acheter de «nouveaux» habits. Mais pourquoi ne pas le faire autrement? Voilà les conseils pour devenir un consom’acteur·rice·s:
- Privilégier la seconde main.
- Bien s’interroger sur le lieu de production, sur les normes environnementales et salariales (RSE) ainsi que sur les énergies utilisées de la production jusqu’à notre armoire!
- Se renseigner sur les engagements de la marque. Sont-ils sincères ou faisons-nous face à du greenwashing?
- Eviter les enseignes trop bon marché qui abusent des soldes.
- Privilégier des matières naturelles durables: tencel, laine, lin…
- Choisir un coton bio certifié plutôt que le coton conventionnel.
- Se tourner vers les matières recyclées ou upcyclées.
- Favoriser les vêtements monomatières, car elles sont plus facilement recyclables.
- Valoriser les achats dans les petites boutiques qui promeuvent des designers locaux et/ou des marques responsables.
- Prolonger la durée de vie de nos vêtements en les réparant, donnant, échangeant!
« Acheter moins, mais acheter mieux! »
À bannir!
Ce qu’il faut absolument éviter pour devenir consommacteur-rice·s:
- Eviter les grandes enseignes de Fast-fashion!
- Eviter au maximum les e-shops aux choix très étendus.
- Challenger les idées reçues : “Non, un vêtement cher n’est pas forcément responsable.”
- Bannir les matières synthétiques : polyamide, polyester, etc…
Quels Labels?
Voici quatre labels fiables qui vous aideront lors d’achats de vêtements responsables.
GOTS: Label complet et fiable pour le coton,
GRS: garantit le sérieux dans le recyclage et les matières,
RWS: pour une laine responsable, qui respecte les animaux et les terres,
B Corp: Les sociétés certifiées B Corporation répondent aux normes les plus élevées en matière de performances sociales et environnementales vérifiées, de transparence et de responsabilité.
Et après l’achat?
Un point important a été souligné durant les discussions. Un vêtement a un fort impact lors de sa production, mais qu’en est-il de son entretien? Chaque cycle de lavage laisse une empreinte carbone considérable sur notre planète.
Une analyse européenne démontre que 60% des émissions de CO2 produites par la lessive viennent de la température de lavage. Alors que les ingrédients, la production, la fin de vie, le conditionnement ainsi que le transport de la lessive représenteraient à eux tous seulement 40% de ses émissions.
Bien laver ses vêtements:
- Baisser la température de vos machines à 30° contribue à la diminution de 35% des émissions de gaz à effet de serre.
- Utiliser des lessives écoresponsables.
- Favoriser l’étendoir à linge afin d’éviter l’utilisation du sèche-linge.
- Bien étendre son linge pour éviter de repasser! Eh oui, repasser est très énergivore, alors qu’attendons-nous pour bannir fer à repasser et table de repassage…?
Alors, prêts à changer vos habitudes vous aussi?
Envie d’aller (encore) plus loin?
N’hésitez pas à contacter le collectif!
Retrouvez aussi un article de ZeroWaste Switzerland sur la Slow fashion
Découvrez les photos de l’événement