Road to Loycocracy: Prendre soin de notre modèle
Notre «Loycocracy champion», Isaline Thorens, vous parle des ateliers d’échanges sur la Loycocracy qu’elle a conduit l’année passée au sein de notre organisation. Un exercice constructif et motivant qui ouvre un espace de dialogue nécessaire à l’évolution de notre modèle de management et lui permet de s’ancrer dans sa véritable nature réflexive.
En 2019, un an et demi après la transition vers la Loycocracy, j’ai eu la chance d’être engagée chez Loyco pour apporter un regard neuf et bienveillant sur le fonctionnement du modèle et son vécu par les Loycomates. Par la suite, ce rôle a été formalisé sous le nom de «Loycocracy champion». J’ai rapidement constaté le besoin d’offrir un espace d’échange honnête, transparent, sécurisé et interéquipe sur les apports et les défis rencontrés dans la mise en œuvre de la nouvelle organisation.
En effet, concevoir et faire le grand saut dans un modèle organisationnel à autorité distribuée est une étape majeure, mais c’est aussi un changement de paradigme. Celui-ci demande à chacune et chacun de modifier quelque chose à sa posture vis-à-vis de l’organisation, sa relation aux autres, ses réflexes de travail et de prise de décision. Il est donc inévitable que ce changement prenne du temps, et génère parfois de l’inconfort.
Accompagner le changement de culture
Or, dans l’enthousiasme d’initier cette magnifique aventure humaine, il est évidemment plus facile et agréable de parler des nombreux et importants changements positifs amenés par le modèle que de laisser la place à l’expression des tensions qu’il a également occasionnées. D’autant plus que la Loycocracy, il faut l’admettre, en confiant aux Loycomates de nouvelles responsabilités de type «support», n’a pas vraiment allégé leur emploi du temps ni diminué le nombre de séances de travail.
Bref, il est apparu que la Loycocracy et les Loycomates méritaient que l’on prenne un peu de temps pour leur tendre l’oreille et prendre soin d’eux/elles, afin de continuer à accompagner le changement de culture de longue haleine qui s’opérait chez Loyco.
Des ateliers d’échanges sur la Loycocracy
Nous avons donc organisé et conduit en 2020 six ateliers sur quatre mois, auxquels ont participé, sur base volontaire, des Loycomates de toutes les équipes «opération», et «support» et de tous nos bureaux cantonaux. Leurs objectifs?
- Se remémorer la raison de cette aventure, afin de ne pas perdre le cap ni la foi lorsque des difficultés émergent de son implémentation au quotidien;
- prendre le temps d’apprécier ce que deux ans de ce modèle ont apporté tant à l’organisation qu’aux individus;
- et enfin, partager les difficultés rencontrées et réfléchir aux moyens de les surmonter: on le sait, exprimer est déjà un peu guérir, et un problème bien identifié est à moitié résolu.
Et effectivement, les Loycomates en sont sortis globalement soulagés d’avoir pu s’exprimer et d’avoir constaté que leurs collègues d’autres équipes vivaient des réalités souvent similaires ; boostés quant au bien-fondé du modèle ; et pleins d’idées pour continuer à en parfaire la mise en œuvre.
Identifier les tensions pour mieux les résoudre
Certaines des tensions ressenties avaient par exemple trait à des subsistances de l’ancien modèle. En particulier, des réflexes hiérarchiques n’avaient pas encore été entièrement éradiqués, et il restait inconfortable pour certains d’assumer une nouvelle autorité. Les Loycomates ont également identifié certaines zones floues persistantes quant à la répartition de l’autorité de rôle dans des situations complexes, en particulier lorsqu’il s’agit de gérer des problèmes humains. Ou encore, ils et elles ont pu mettre en lumière le fait que le modèle lui-même ne suffisait pas à remplir tous les besoins de l’organisation. Par exemple, un effort méritait d’être fourni pour mieux définir les responsabilités dans la formalisation de la direction stratégique de l’entreprise et la structuration du pipeline d’innovation. Ce à quoi se sont très rapidement attelés le coordinateur support et le Conseil d’administration pour apporter des réponses et enrichir notre modèle.
Dans tous les cas, cet exercice a imposé l’évidence que Loyco doit dédier à son modèle d’organisation suffisamment d’espace et de temps, comme toute entreprise, mais d’autant plus en raison de son rôle de pionnière de l’agilité organisationnelle conçue sur mesure. Nous allons renforcer les mécanismes permettant une régulation décentralisée et organique, afin que la Loycocracy soit un modèle véritablement réflexif et évolutif.
La série «Road to Loycocracy»
Pour rappel, en mai 2018, nous avons choisi de dissoudre notre Direction afin de donner le pouvoir à nos Loycomates, concrétisant notre profonde confiance en l’être humain ainsi que nos croyances en la force de l’intelligence collective. Cette mini-série vous raconte l’implémentation de ce nouveau modèle d’organisation telle que nous l’avons vécue, sans volonté de donner de leçons. Juste comme ça. Parce que nous avons plaisir à partager et que nous serions ravis de recevoir votre feed-back. Alors n’hésitez pas à commenter, voire à nous secouer. On adore ça ?.
Avec toute notre bienveillance, bonne lecture.
Christophe Barman, Co-fondateur de Loyco