Rob Hopkins: l’imagination au secours de la planète
«Face à l’urgence climatique, nous devons cultiver notre imagination pour réussir à trouver des solutions et à créer la société de demain». C’est sur cet appel à la créativité que Rob Hopkins, fondateur du mouvement des villes en transition, a démarré son intervention positive et inspirante, le mardi 30 août à l’Espace d’Après. Une conférence que nous avons organisée en partenariat avec Patagonia et le Réseau Transition Suisse romande.
Inspirant et profondément sympathique, l’activiste Rob Hopkins a captivé l’audience présente à l’Espace d’Après lors de cette matinée du mois d’août. Cet activiste britannique, à l’origine du mouvement Transition Network qui compte aujourd’hui 1400 initiatives dans 50 pays, influence par sa pensée et ses actions de nombreux groupes actifs dans la transition environnementale en Suisse. Il faut dire que la vision de Rob Hopkins véhicule une positivité et un espoir qui donnent foi en l’avenir et suscitent l’envie de se mettre en mouvement!
L’imagination, outil essentiel de la transition
«Aujourd’hui, nous devons être ambitieux. Si une idée ne semble pas ridicule, c’est qu’elle n’est pas assez ambitieuse!», affirme Rob Hopkins dès les premières minutes de son intervention. D’emblée, il pointe du doigt la suractivité d’une société dont la population passe chaque minute de temps libre sur son téléphone, laissant peu de place au vide. Pourtant, c’est l’espace libre dans nos esprits qui serait la source de notre imagination et donc de notre capacité à imaginer des solutions à la crise climatique à laquelle nous faisons face. «Notre société est comme tempête qui nous empêche d’imaginer le futur au moment où nous en avons le plus besoin.»
Visualiser le futur pour se connecter à nos aspirations
Pour Rob Hopkins, il faut donc créer des espaces qui permettent d’imaginer ensemble des solutions. Il a donc fait lever toutes les personnes présentes pour se livrer à un exercice de visualisation créatrice. «Imaginez que vous poussez une porte derrière laquelle se trouve la ville de 2032. Que voyez-vous, qu’entendez-vous?», a-t-il demandé. De la verdure, des véhicules silencieux et non polluant, le bruit des oiseaux. À entendre les réponses évoquées, la ville du futur sera plus verte, plus calme, plus agréable à vivre. «Cet exercice nous connecte à nos aspirations pour le futur», nous explique-t-il. Une démarche effectivement essentielle: comment pourrons-nous construire une société différente si nous ne l’avons pas imaginée avant?
Un discours ancré dans la réalité
Mais ne vous y trompez pas! Rob Hopkins ne se contente pas de paroles. Son mouvement, Transition Network, fait naître des initiatives plus que concrètes. Il prend pour exemple la ville de Liège, où une poignée de citoyen·ne·s ont ouvert, en moins de 10 ans, 27 nouvelles coopératives alimentaires, motivé·e·s par la question: «Et si la majorité des aliments à Liège provenait des environs?». Pour Rob Hopkins, «ce ne sera pas une solution, mais une multitude d’initiatives florissantes qui vont in fine faire changer les choses.» Les initiatives suisses inspirées par son mouvement peuvent d’ailleurs être consultées sur le site de Réseau Transition: voir la carte des initiatives.
À Bologne, le Maire aurait aussi créé un «bureau de l’imagination civile» qui organise des brainstormings communs avec les citoyens et la municipalité au terme desquels les meilleures idées sont sélectionnées. Des idées ensuite réalisées grâce à des pactes conclus entre la municipalité et les citoyens, qui s’engagent mutuellement à concrétiser ces initiatives, de taille et de nature très différentes. Pour Rob Hopkins, «la taille de l’initiative ne compte pas car cela permet aux gens de toucher du doigt ce futur et à nos enfants de grandir en pensant que ce processus est normal».
Et les États alors?
Pour autant, Rob Hopkins réalise que tout le pouvoir ne réside pas uniquement dans les mains des citoyens et citoyennes. Ainsi, lorsqu’on lui demande ce que les États devraient arrêter de faire en priorité, il répond: «Arrêter d’investir de quelque manière que ce soit dans les énergies fossiles.» À bon entendeur!
Plus d’informations
Interview de Rob Hopkins dans Le Temps
Le site de Réseau Transition Suisse Romande
Profil de Rob Hokins
24 juin 1968 Naissance à Londres
2005 Devenu enseignant en permaculture, il s’installe à Totnes en Angleterre et lance le mouvement international des villes en transition
2007 Cofondation avec Peter Lipman et Ben Brangwyn de Transition Network qui compte aujourd’hui quelque 1400 communautés
2015 Publication de «21 histoires de Transition», Réseau Transition Wallonie-Bruxelles
2020 Parution de «Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons?» (Actes Sud)
Source: Le Temps
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